Papiers et sans papiers en tous genres – (et en toutes lettres)

Le retour des frontières et de tous leurs effets, parfois mortels, a marqué l’époque avec ce qu’on a appelé la crise des « migrants » en 2015. On retrouvait l’importance de ces « papiers » dont la présence ou l’absence pouvaient conditionner la vie ou la survie. Et aussi masquer la vie et la parole de celles et ceux ainsi menacés. Et c’est encore le cas. Mais aujourd’hui cette expérience se multiplie, avec des papiers et passeports en tous genres, sanitaires, par exemple, à l’intérieur même d’espaces de « libre circulation » (comme l’Europe). Tout le monde désormais se sent cerné et concerné. Mais on entend aussi de plus en plus les voix de celles et de ceux qui ne se réduisent pas à être avec ou sans papiers. Entendre ces mots et ces voix c’est la seule façon de ne pas se réduire à des papiers. C’est la seule façon de s’en sortir.
(Camille Schmoll, auteure des Damnées de la mer : Femmes et frontières en Méditerranée (La Découverte,2020) qui a dirigé un récent numéro de la revue De Facto sur la circulation en Europe (n°26, mai 2021), et Claude Mouchard, auteur d’un grand poème au long cours et en plus d’une langue dont une partie s’intitule : Papiers ! )

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