Le projet de loi immigration va être débattu et soumis au vote prochainement. Des propositions bien évidemment discriminatoires, stigmatisantes vis-à -vis des étranger·es y sont présentes.
Parmi celles ci, dans le domaine de la santé, a été adopté un amendement sur la suppression de l’Aide médicale d’État (AME), une nouvelle fois attaquée, amendement n° 304 porté par la sénatrice LR Françoise Dumont.
Voici ce qu’il contient : “remplacer l’AME par l’AMU (aide médicale d’urgence) centrée sur la prise en charge des situations les plus graves et sous réserve du paiement d’un droit de timbre”.
L’AME, contrairement à ce que certaines personnes souhaitent nous faire croire, ne couvre pas tout à 100% et n’est pas si simple d’en bénéficier.
Elle est possible pour les personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois, et gagnant moins de 9 719 euros par an (pour une personne seule).
Elle exclut : les actes techniques, examens, médicaments et produits nécessaires à la réalisation d’une aide médicale à la procréation, les médicaments à service médical rendu faible remboursé à 15 %, les cures thermales, les frais d’hébergement et de traitement des enfants ou adolescent·es handicapé·es. De plus, certains soins ne seront remboursés qu’au bout d’un délai de 9 mois après l’admission à l’AME pour tout nouveau bénéficiaire ou pour celui ou celle qui n’a pas bénéficié de l’AME depuis plus d’un an. C’est le cas des prothèses de genou, d’épaule par exemple.
La raison évoquée par les défenseur-es de cet amendement ? Que cela permettrait de faire des économies (comme si le secteur de la santé devait être rentable…) Or, une enquête de l’IRDES publiée en 2019 affirme que les dépenses d’Aide médicale de l’État représentent environ 0,5 % des dépenses publiques de santé.
Auteur : Ados sans frontière
Travailleurs immigrés, les invisibles incontournables
En situation régulière ou non, les travailleurs immigrés représentent une part non négligeable de l’économie nationale. Souvent employés dans des secteurs boudés parce que mal payés et pénibles, ils sont les invisibles du monde du travail.
D’après les chiffres publiés par le ministère du travail (2017), la France compte 2,7 millions de travailleurs immigrés, des hommes et des femmes nés à l’étranger de parents étrangers, qu’ils soient en situation régulière ou non. Ils sont dans tous les pans de l’économie.
Ils représentent une part importante dans certains secteurs : 40 % des emplois de service à la personne, un tiers des ouvriers du BTP ou des agents de sécurité, un sur cinq dans l’hôtellerie et la restauration.
Écouter le podcast (47 min)
Le traitement des exilés est la grande question morale et un enjeu politique majeur de notre temps
Anthropologue, sociologue et médecin, Didier Fassin interroge la valeur de la vie humaine et son traitement inégal dans le monde contemporain. Il a multiplié les enquêtes sur trois continents autour de la santé, de la justice, du châtiment et de l’exil.
Invité en 2019 sur la chaire annuelle Santé publique du Collège de France, chaire créée en partenariat avec l’agence nationale Santé publique France, il devient, cette année, titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines.
Les mineur·e·s non accompagné·e·s en Occitanie
Le Carif-Oref Occitanie (Centre d’Animation, de Ressources et d’Information sur la Formation et Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation) intervient en appui des politiques emploi-formation de l’État, de la Région, des partenaires sociaux.
Association loi 1901, le Carif-Oref Occitanie est financé par l’État et la Région avec le soutien du FSE. Sa gouvernance quadripartite est composée de l’État, la Région et les partenaires sociaux (employeurs et salariés).
Le Carif-Oref Occitanie a publié en 2022 un rapport concernant les MNA en Occitanie.
Les chiffres clés :
1 090 personnes reconnues mineur·e·s non accompagné·e·s en Occitanie en 2021 (- 56 % par rapport à 2019)
1 039 MNA confié·e·s aux départements occitans
15 % des MNA sont originaires du Mali, 16 % de la Guinée
Au niveau national en 2021 :
96 % des MNA sont des garçons
69 % ont entre 15 et 16 ans
Lire le rapport (PDF)
Marguerite Aurenche Magistrate, ancienne juge des enfants, détachée au pôle “Défense des droits de l’enfant” auprès de la Défenseure des droits – Entretien
Poussés sur les chemins de l’exil, victimes de la traite des êtres humains parfois également, les mineurs dits « non-accompagnés » arrivent seuls, sans famille ni ressources après un parcours migratoire souvent traumatisant, fait de séparations, de violences et de solitude.
Dans certains cas, un doute subsiste sur leur âge précis et sur leur identité, mais ces situations ne doivent pas cacher la réalité de leur destin dans notre pays : bien souvent, ils ne sont pas considérés exactement comme les autres mineurs. Parfois, ces enfants sont exploités par des réseaux qui s’en servent pour leur compte ; ils subissent la violence spécifique d’être contraints à commettre des délits.
Ces mineurs ont droit à la même protection que tout autre enfant. Un récent rapport de la Défenseure des droits constate que « la situation des enfants migrants s’assombrit au rythme des mesures prises à leur encontre, dans une forme d’indifférence inquiétante ».
Écouter ici (mai 2023 – 59 min)
Afflux de mineur·e·s non accompagné·e·s à la frontière italienne
Pour faire face à l’afflux de migrant·e·s, les pouvoirs publics ont verrouillé la frontière causant un embouteillage côté italien où se trouvent plusieurs mineur·e·s. Les capacités d’accueil dans les Alpes-Maritimes sont saturées provoquant un problème à la fois humanitaire et politique.
Voir le reportage d’Arte (3 min 05 s)